MASSACRE À FURNACRE / FURNACE AT FURNACE CREEK VOSTFR 1948

Ce remarquable western de série B est la seconde adaptation du roman de David Garth Four Men and a Prayer (1937) déjà porté à l'écran par John Ford en 1938 avec Richard Greene, George Sanders, William Henry, David Niven et Loretta Young (disponible depuis peu grâce à Chris en vo+srt sur le Coin du Cinéphile). Le récit d'origine (comme le premier film) qui se situait dans l'armée britannique aux Indes, Humberstone signe avec Massacre à Furnace Creek une œuvre au carrefour du film noir et du western. La photographie en noir et blanc très contrastée, le scénario qui se déploie tel un thriller, avec une introduction qui condense en dix premières minutes remarquables les bases d’une intrigue sur fond de machination et de complot sont propres au film noir. Mais il s'agit avant tout, bien d'un western et des plus étonnants, le destin de deux frères qui tentent par tous les moyens de réhabiliter l’honneur de leur père, trahi par des intérêts financiers tout-puissants, avec en toile de fond une implacable description de la conquête de l’Ouest, marquée par les agissements de blancs véreux et avides. Tourné fin 1947 le film évoque sans détour les manipulations du capitalisme sauvage pour chasser les Indiens de leurs terres dans l’unique but de s’accaparer leurs richesses (pour mémoire, La porte du Diable ou La flèche brisée,considérés comme les 1° films pro-indiens sont de 1950). Mais il ne s'agit pas pour autant d'un film didactique et moralisateur, Humberstone réalise une œuvre tendue qui sait alterner moments forts et passages plus décontractés avec une science éprouvée du rythme. Soutenu par une interprétation très juste, Massacre à Furnace Creek s’avère donc être un western passionnant jusque dans ses dernières séquences, particulièrement marquantes. Sans tambour, ni trompette, le cinéaste réalise un dernier quart d’heure admirable par l’économie des moyens mis en œuvre. Là où un réalisateur de seconde zone aurait utilisé une musique pompeuse pour souligner l’intensité de ces séquences finales, Humberstone fait le choix étonnant de terminer son film par des scènes muettes, une poursuite à cheval se passe sans autre musique que le bruit lancinant des sabots et le duel final dans le fort dévasté se déroule dans un silence uniquement perturbé par le souffle du vent. Un film largement sous-estimé à découvrir par tous les amateurs de westerns et de films noirs.

Deux critiques :

Et en bonus une affiche en exclusivité, l'affiche hollandaise (à noter que sur IMDB les sorties et les titres des films aux Pays-Bas ne sont quasiment jamais indiqués)